En avril 1940, durant la « Drôle de Guerre », un régiment de chasseurs alpins, débarqué au Havre, est cantonné à Saint-Martin du Manoir, pour se mettre au vert. Evidemment, la population accueille bien ce régiment. Malheureusement, entre temps, les Allemands envahissent la Belgique et notre régiment de chasseurs alpins doit rejoindre le front.

L’exode

Et puis, c’est mai 40, Dunkerque, et l’exode des populations qui fuient devant l’ennemi. A Saint-Martin, une partie de la population fuit aussi, en voiture, à bicyclette avec ou sans remorque, tout le monde veut passer le bac de Berville : deux jours d’attente, une file de 5 kilomètres, on couche dans les voitures, on pique-nique comme on peut, et après avoir abandonné les voitures, on passe le bac à pied et l’exode reprend vers le sud, pour retrouver quelques dizaines de kilomètres plus loin… les Allemands. Demi-tour forcé, et l’on repart chez soi. A Berville, le bac a été coulé et on traverse la Seine sur des embarcations de fortune. Quant aux voitures abandonnées sur la route du Hode, bien peu retrouveront la leur, car les allemands s’étaient servis !

Témoignage n°1 (M. Malo) : Nous, on était partis avec mon père. Maman était restée parce que sa mère, qui habitait Gournay, était malade. On a pris la voiture et les vélos. On a traversé la Seine avec le bac de Berville, mais la voiture est restée sur les bords du fleuve. On est arrivés de l’autre côté, c’était l’affluence partout ; on a couché dans un poulailler. On a avancé un petit peu, finalement on est arrivés à Beuzeville, il y avait déjà les Allemands ! On est restés une quinzaine de jours et après on est revenus , mais le bac de Berville était coulé : on a traversé la Seine sur une barque avec nos vélos et on est rentrés comme ça. Saint-Martin du Manoir était déjà plein d’Allemands !

Témoignage n°2 (Mme Quemin) C’était le jour de la distribution des allocations pour les maris partis à la guerre. Ma mère devait aller chercher son allocation, mais quand on lui a dit que les Allemands étaient au Havre, elle a eu peur.